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La douleur… Même étouffée par les calmants, c'est elle qui la réveille. Rien qu'un plafond beige dans son champ de vision, la douceur de draps en tissus sur son corps, le matelas moelleux, et une odeur puissante de médicament, sous tendue par l'odeur métallique du sang. L'hôpital ? Elle regarde autour d'elle, et ne voit que le décor simple de son appartement. Les volets automatiques laissent filtrer quelques rayons de lumières d'un jour blafard. Sur le mur, l'horloge holographique annonce qu'il est 10h. Le 22 décembre. Sur la commode au pied de son lit, une ceinture contenant trois fioles d'un produit étrange finissent de lui rappeler son trajet jusqu'ici.
Le parc. La paie. Le retour jusqu’à l'appart, dans les transports où les quelques noctambules qui ne sont pas suffisamment imbibés pour avoir le sens de l'observation ouvrent des yeux écarquillés sur les petites tâches de sang qui apparaissent dans sa veste, après avoir imbibé le tissus de mauvaise qualité. La chape de plomb de la descente lui tombe dessus à mi chemin, et c'est titubante qu'elle entre dans son hall d'immeuble. A travers les brumes qui couvrent peu à peu ses pensées, elle n'a eu que le temps de saisir un message : “Urgence, chez moi, Eidolon”. A priori, le docteur à bien reçu le message, à en juger par les pansements propres sur son corps. Et le message sur son commlink. “Fraulein Schneider, je vous attends à mon cabinet à votre réveil.” Hum, des remontrances et une facture salée en perspectives, mais au moins elle ne s'est pas vidée de son sang dans son lit. Et le docteur à pris la peine de la mettre dans des draps propres. Elle s'étire, ou du moins essaye. Les douleurs sont là, et chacun de ses muscles proteste vigoureusement. Une fois les pieds posés au sol, elle aperçoit le tas de drap ensanglanté au pied du lit, bon à jeter. La combinaison Caméléon qui traîne à coté lui signale qu'elle n'avait même pas pris la peine de la retirer avant de se laisser tomber sur son lit.
Une douche plus tard, ses pensées se sont éclaircies, et elle contemple depuis son salon la neige qui tombe en douceur dans la rue. Deuxième message sur son commlink. “Elsa, je vous attends le 24, comme convenu - Marius.” Hum, elle avait presque oublié. Mais d'abord, la clinique. Dans son dressing se côtoient les tailleurs et les fringues de distributeur, mais un baggy et une veste détonnerons moins qu'un tailleur Saurer-Rieter. Avant de partir, par précaution, elle met les seringues dans le coffre de sa chambre. Elle peut vérifier ainsi la présence des crédits tube reçus la veille. Ou plutôt l'avant veille, l'horloge lui rappelant qu'elle a dormi plus d'une journée complète. Il est 11h43, et sortant de son appartement, Eidolon va enfin soigner ses plaies, en attendant la prochaine occasion de prendre des coups.
2 jours plus tard. 24 décembre. Elle est sortie de la clinique du Pr Madelung la veille au soir, et la douleur est presque partie. Quasi aucune marque sur son ventre de la balle de gros calibre qui avait décidée de faire amie-amie avec son estomac. AU moins, quand elle était passée au Schattenwein sur le chemin du retour, ça lui avait donné une occasion de prouver qu'elle s'était bien battue à main nue contre un soldat d'Arès en exoarmure… Les vieux runneurs et autres curieux attablé autours d'une bière n'en avait surement pas cru un mot, mais cela faisait partie du charme du lieu. Quand à la lame plantée il y a trois jours dans sa cuisse, on croirait que ce n'était jamais arrivé. Elle grimaça en repensant à la personne qui lui avait planté, mais la sonnerie du réveil résonnant dans son implant auriculaire lui rappela que ce n'était pas le moment de ressasser ses exploits. Elle se leva promptement, pris une douche rapide, un café serré, enfila son tailleurs gris HDML, mis ses lunettes fines, et passa en trombe dans son bureau prendre le tube contenant les projets de plans qu'attendait Marius. Pourtant, si elle pensait à des plans à l’heure actuelle, c’était plutôt des plans de revanche contre une certaine Rebecca Müller de la Lonestar. Elle sortit de son immeuble, et rejoignit rapidement la masse grise de Munichois qui vont gagner leur vie. Elle ne peut s’empêcher de penser qu’il lui faudrait deux ans de ce travail pour accumuler la somme qui l’attend dans son coffre, le fruit d’une nuit de son autre travail. Avec un léger sourire, elle monte dans le bus qui la mènera au cabinet Egelbert Und Volker. Il est 8h24, Elsa Schneider part au travail.